Premières leçons italiennes

La Commission s’engage avec prudence dans l’examen du projet de budget italien, pas certaine que ses interlocuteurs se soient donnés les marges de manœuvre leur permettant de réduire leur déficit, afin qu’elle sauve la face. Pas non plus déterminée à un affrontement dont les deux parties ne veulent pas. Là-dessus au moins, elles sont au clair.

Les marchés pourraient-ils faire le job à sa place ? La chute de la valeur des grandes banques européennes en bourse témoigne d’un véritable malaise, plus que les tensions qui ont été enregistrées sur la dette italienne. Leur exposition aux banques italiennes en est la cause, et la défiance envers celles-ci repose sur leur détention massive de la dette italienne. Les rendant vulnérables si les taux se tendaient fortement, car cela diminuerait la valeur de leurs titres obligataires. Le mécanisme n’est pas nouveau, mais son retour sonne comme un rappel : le nœud Gordien entre les États et les banques n’est toujours pas tranché. Avec l’Union bancaire qui reste toujours en plan, la fragilité persistante du système bancaire européen trouve une nouvelle confirmation.

Les processus historiques sont rarement purs, et les évènements italiens le confirment. La première mise en cause affirmée de la politique européenne est le fait d’un gouvernement de coalition regroupant un parti d’extrême-droite et une formation « anti-système » peu structurée idéologiquement. Mais les faits sont là, cette équipe est en mesure de créer une ouverture là où les blocages semblaient l’interdire. Si elle ne mord pas la poussière sous la pression des marchés, elle peut espérer bénéficier d’une certaine mansuétude de Bruxelles, comme l’Italie en a toujours eu sous Matteo Renzi, vu son poids et sa place au sein de l’Union.

Toute la question est de savoir, ce premier double rendez-vous avec la Commission et avec les marchés se passant sans trop de casse, ce qu’il en sera par la suite. La coalition résistera-t-elle longtemps ? L’exemple italien fera-t-il des émules ? On sait que les dirigeants allemands veulent renforcer leur présence à Bruxelles, ce qui est signe des difficultés qu’ils s’attendent à rencontrer afin de continuer à contrôler la situation. Les années à venir s’annoncent troubles.

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